« La construction du mur et le régime qui lui est associé entravent l’exercice par les intéressés des droits au travail, à la santé, à l’éducation et à un niveau de vie suffisant. » Cet extrait de l’avis consultatif rendu par la Cour Internationale de Justice sur les conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé montre l’impact des restrictions de mouvement sur la santé. Ce papier cherche à souligner les conséquences des restrictions de mouvements en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza sur la santé des palestiniens et sur le développement des infrastructures de santé. En raison d’un grand nombre de sources, ce document essayera de se concentrer sur la Cisjordanie plutôt que sur la Bande de Gaza. Il étudiera les conséquences du Mur de Ségrégation sur le secteur de la santé et non les raisons de la construction de ce mur.
La santé a été définie en 1948 par la constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Les restrictions de mouvements dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO) doivent également être bien définies et distinguées : dans la Bande de Gaza, un sévère blocus affecte la circulation des biens et des personnes depuis juin 2007. Sans un permis spécial, les Gazaouis ne peuvent sortir de la Bande de Gaza. A l’inverse, les palestiniens de Cisjordanie ne sont pas autorisés à entrer à Gaza. En Cisjordanie, un Mur de Ségrégation (également appelé Barrière de Séparation) et tout un ensemble de checkpoints empêchent la libre circulation des résidents. L’édification du Mur a été approuvé (et les travaux ont commencé) en 2002 par le gouvernement israélien après que les palestiniens aient entamé la Seconde Intifada pour se battre pour leurs libertés et pour l’arrêt de l’occupation israélienne, ainsi que l’arrêt de la colonisation illégale dans les TPO ayant suivi la guerre de 1967. La construction du Mur n’est, 10 ans après, toujours pas achevée, le tracé étant vigoureusement contesté.
En Cisjordanie en 2008, plus de 630 barrages, checkpoints, routes de contournements, buttes de terre et autres types d’obstacles ont affecté la liberté de mouvement. Ces obstacles participent à la large augmentation du temps de parcours des palestiniens pour trouver un hôpital. Les checkpoints peuvent être permanents mais aussi temporaires (alors appelés les checkpoints volants). Ces derniers, en raison de leur imprévisibilité, peuvent devenir un problème plu grand encore que les permanents puisqu’ils peuvent bloquer une route n’importe où et n’importe quand. Les autres types de barrages (buttes de terre, barrages routiers etc) sont fixes et visent à obliger les personnes à emprunter des routes contrôlées par des checkpoints. Ces différents barrages entravent sérieusement la liberté de mouvement du peuple palestinien.
Ces restrictions ont pour conséquences pour les palestiniens l’accès impossible à certains lieux tels que les services médicaux. L’inaccessibilité n’est pas mesuré en terme de distance mais en terme de temps pour aller d’une place à une autre. En effet, la distance n’est pas un facteur pertinent dans cette situation puisque les restrictions de mouvements n’affectent pas la distance entre deux lieux mais modifient significativement le temps de parcours entre eux.
Nous pouvons donc nous demander en quoi les restrictions de mouvement dans les TPO affectent les conditions de santé et minent le secteur palestinien de la santé.
I) Un long voyage pour accéder aux soins médicaux : la dramatique augmentation des temps de parcours pour rejoindre les infrastructures de santé
La longueur du Mur de Ségrégation israélien en construction depuis 2002 sera de 774 km lorsqu’il sera achevé (selon la dernière version du tracé), alors que la Ligne verte d’armistice de 1949 et les frontières de 1967 sont moitié moins longues (350 km)
. Le Mur encercle les principales colonies israéliennes de Cisjordanie mais également leur possible future expansion. En 2010, 85 % des colons de Cisjordanie étaient situés du côté Ouest du Mur
. Presque 13% du territoire de Cisjordanie se situe entre la Ligne Verte et le Mur : 94 % de ce Mur se trouve à l’intérieur de la Cisjordanie alors qu’il devrait suivre le même parcours que la Ligne Verte de 1949.
Il y a actuellement plus de 630 barrages en Cisjordanie dans un territoire d’environ 5661 km². Tous ne représentent pas les même obstacles pour les palestiniens. Les buttes de terres sont par exemple des obstacles physiques infranchissables ce qui force la population à utiliser d’autres itinéraires mais qui ne nécessitent pas de faire la queue à un checkpoint pour être contrôlé.
En ce qui concerne la Bande de Gaza, un blocus est imposé par Israël depuis juin 2007 ce qui restreint très sévèrement la liberté de mouvement et d’échange de biens entre Gaza et le reste du monde, notamment la Cisjordanie. Tous les jours, les palestiniens doivent gérer ce blocus ce qui augmente considérablement les temps de parcours d’une ville à une autre et des maisons des patients aux centres médicaux les plus proches.
La ville de Qalqilyah, complètement isolée du reste de la Cisjordanie, est un très bon exemple de la ségrégation de certaines villes palestiniennes par rapport à Israël. La ville est complètement encerclée par le Mur et la route menant à la ville est contrôlée par un checkpoint. Le seul chemin pour sortir de la ville, le seul lien avec le reste du monde est ce checkpoint. Sortir de la ville nécessite de traverser ce checkpoint, ce qui peut prendre un certain temps (les délais étant extrêmement variables et pouvant aller de 5 minutes à 3 heures) et mettre en danger un patient qui aurait un besoin rapide de soins. En effet, Qalqilyah manque de services de santé spécialisés, lesquels sont uniquement disponibles dans les villes voisines. Mais l’accès à ces infrastructures a été rendu difficile par le Mur et les barrages. Qalqilyah dispose cependant de services de premiers soins assez bons, mais les communautés palestiniennes voisines qui avaient l’habitude d’y venir ont dû aller ailleurs en raison des restrictions d’accès à la ville. Qalqilyah n’est malheureusement pas la seule enclave de Cisjordanie et de nombreuses villes sont littéralement entourées par le Mur (trois côtés sur quatre).
15 % des ménages de Cisjordanie seulement ont leur propre voiture. Les 85 % restants doivent donc utiliser les transports publics pour se déplacer d’un endroit à un autre. Cela participe également à l’augmentation du temps de transport pour rejoindre les infrastructures médicales.
En 2010, il est estimé à 25 000 personnes le nombre de personnes en Cisjordanie qui n’ont jamais été dans quelque centre de soin que ce soit (1 % de la population), et à 285 000 le nombre d’habitants qui doit passer par un ou plusieurs checkpoints pour aller à l’hôpital le plus proche (11 % de la population)
. Etant donnés les délais d’attente qui peuvent être très longs aux checkpoints, ceux-ci représentent un risque pour la santé. Normalement, les ambulances bénéficient d’une priorité de passage mais elle n’est pas toujours respectée, ce qui met parfois des vies en danger.
Tableau 4.1
Attente estimée aux checkpoints
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Moyenne la plus longue
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194
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Moyenne la plus courte
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15
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Mode le plus long
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120
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Mode le plus court
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5
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Source: EKLUND L., Accessibility to Health Services in the West Bank, Occupied Palestinian
Territory, 2010.
Source: EKLUND L., Accessibility to Health Services in the West Bank,
Occupied Palestinian Territory, 2010
- Bonne accessibilité < 15min
- Accessibilité intermédiaire: 15-30min
- Mauvaise accessibilité >30 min
Le tableau ci-dessus montre l’impact des délais d’attente aux checkpoints sur l’accessibilité des infrastructures médicales. Dans le cas d’une attendre de 15 minutes, plus de 200 000 palestiniens seraient considérés comme ayant une mauvaise accessibilité aux services de santé. Si l’attente à un checkpoint est de deux heures – ce qui reste assez rare – 321 000 palestiniens seraient considérés comme disposant d’une mauvaise accessibilité aux soins. Ces chiffres montrent bien dans quelle mesure les restrictions de mouvement jouent sur la santé des palestiniens en Cisjordanie. En d’autres termes, « depuis juin 2002, la construction du Mur a ajouté une série d’obstacles venus isoler, fragmenter et ainsi détériorer le système de santé palestinien»
(Médecins du Monde, 2005).
Dans le village d’Abu Dis, le temps de trajet jusqu’à l’hôpital le plus proche est monté en flèche avec la construction du Mur puisqu’il était de seulement 10 minutes avant les travaux et de 1h50 après
. Le Mur met en danger la vie des palestiniens en cas d’urgence. L’impossibilité d’accès aux centres médicaux en moins d’1h50 contribue à la détérioration des conditions de santé des palestiniens et mènent parfois à la mort.
L’étude menée par le Health, Development, Information and Policy Institute en 2004 souligne que la seconde phase de construction du Mur formerait 22 poches vulnérables isolées du reste de la Cisjordanie et comptant près d’un demi-million d’habitants
.
Des cas tels qu’une crise cardiaque ou une crise d’asthme nécessite un traitement médical le plus rapide possible, la première heure étant la plus importante pour sauver la vie du patient. De même, les femmes enceintes prêtes à accoucher doivent aller dans un centre de soin dès que possible. Cependant, le ministère Palestinien de la Santé et certaines ONG ont relevé des cas de femmes en cours d’accouchement qui étaient tout de même stopper aux checkpoints. Le Ministère Palestinien de la Santé rapporte que depuis 2000, au moins 68 femmes palestiniennes ont accouché à des checkpoints israéliens en raison de l’attente. Le manque de soins médicaux ainsi que les conditions d’hygiène ont mené à 35 fausses couches et à la mort de 5 mères
Le rapport des Nations Unies sur la situation dans les territoires palestiniens en 2007 affirme qu’un nombre de plus en plus grand de palestiniens décèdent en raison du temps d’attente ou du refus d’accès aux checkpoints. Le document, un rapport mensuel récoltant des données de terrain des différentes agences des Nations-Unies souligne qu’entre 2000 et 2007, 48 personnes sont mortes aux checkpoints par manque de soin
.
Dans l’ensemble, le Mur de Ségrégation viole gravement le droit des palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et dans une moindre mesure de Jérusalem-Est à un traitement médical rapide. Les restrictions de mouvements, tant sur les équipes médicales que les patients provoquent une dégradation de la situation de nombreux malades en attente de traitements. Cela viole le droit à la santé, pourtant présent dans le préambule de la constitution de l’OMS à laquelle Israël adhère.
II )La dramatique réduction de la disponibilité des services de santé
En 2006, le département de Géo-Informatique d’ARIJ relevait 452 cliniques en Cisjordanie, localisées sur la carte 2.
La construction du Mur a eu pour conséquences pour les habitants des TPO une restriction du choix des centres médicaux dans lesquels ils souhaitent se rendre (s’ils ont le choix), puisque beaucoup de ces unités, auparavant facilement accessibles, sont devenues bien trop éloignées à cause du Mur et autres barrages. De nombreuses personnes ne peuvent accéder qu’à des centres de premiers soins (niveau de soins basique qui inclut des programmes de promotion de la santé, de diagnostic précoce des maladies et handicaps et de prévention de la maladie, selon le Mosby’s Medical Dictionnary. Pour se rendre dans les centres de soins « secondaires » (niveau intermédiaire de soins incluant diagnostics et traitements administrés dans un hôpital disposant d’équipements spécialisés et de laboratoires, Mosby’s Medical Dictionnary), le Mur rend le parcours beaucoup plus long. Par exemple, lorsqu’un habitant d’une zone rurale et reculée a besoin de soins spécialisés, il doit aller jusqu’à la ville où le service adéquat est disponible. Ce besoin, pourtant essentiel, est soumis à des restrictions de mouvements, les villes dans lesquelles ces services sont disponibles pouvant n’être accessibles qu’après avoir passé un ou plusieurs checkpoints. Pour les villages encerclés par le Mur, le choix des établissements médicaux où aller se réduira rapidement aux centres de premiers soins, qui ne disposent cependant pas des moyens avancés des infrastructures plus importantes.
L’isolement créé par le Mur de Ségrégation implique d’autres dimensions, telles que la dispersion de l’offre de santé. Le manque de personnel qualifié pose un grand problème aux centres médiaux de Cisjordanie notamment à cause de la dispersion de ces centres. Les habitants des zones de séparation sont particulièrement vulnérables, les services de santé y étant généralement pauvres. Le Mur et les nombreux blocages fait empirer l’accès aux services de santé ainsi que leur qualité.
De plus, le Mur restreint sévèrement l’accès à Jérusalem-Est où sont situés 12% des lits disponibles. Certains services médicaux ne sont disponibles qu’à Jérusalem-Est. Tout palestinien n’ayant pas la citoyenneté israélienne où un permis de résidences doit demander un permis pour entrer à Jérusalem
Pour entrer pour raisons médicales, un patient doit entamer un long processus, les permis ne sont pas toujours délivrés et il suffit que les israéliens déclarent la fermeture générale pour cause de fête juive ou d’alerte de sécurité pour que les checkpoints soient tout simplement fermés et l’accès aux soins appropriés refusé. Selon Médecins du Monde, en 2003, 56 755 permis ont été délivré en Cisjordanie sur 2 313 609 habitants.
Pour les soins de santé spécialisés tels que la dialyse ou les rayons contre les tumeurs, l’accès à Jérusalem-Est est nécessaire puisque c’est le seul endroit où l’on trouve ces traitements. Pour la dialyse, les patients ont parfois besoin de se rendre tous les jours à l’hôpital pour suivre le traitement. Les rayons contre les tumeurs et les dialyses pédiatriques ne sont réalisées que dans un hôpital, l’hôpital Augusta Victoria à Jérusalem-Est. Même si un patient obtient un permis valide pour une période limitée, le passage libre aux checkpoints n’est pas garanti et l’armée israélienne peut suspendre ou annuler ce permis pour des raisons de sécurité. Le temps passé à attendre aux checkpoints pour les patients ne résidants pas à Jérusalem-Est est énorme et entrave le traitement et le suivi régulier des patients.
En cas d’urgence, il est possible d’obtenir un permis pour Jérusalem-Est en un jour avec l’aide du Croissant-Rouge Palestinien et avec l’accord des autorités israéliennes. Cependant, même les ambulances sont parfois arrêtées et fouillées ce qui augmente le temps pour rejoindre l’hôpital et peut par conséquent mettre la vie du patient en jeu.
A Gaza, le blocus a eu de graves conséquences sur la santé des habitants. En l’absence de services de santé spécialisés, beaucoup de patients sont redirigés vers Jérusalem-Est-ce qui augmente les temps de parcours et les risques d’une aggravation. Ces transferts doivent être approuvés par les autorités israéliennes qui peuvent les refuser ou les reporter (ce qui est arrivé dans 20% des cas en 2010
).
III) Blocages et autres obstacles, une entrave au bon fonctionnement des installations médicales
Les restrictions de mouvements dans les TPO ont eu deux conséquences sur les services de santé : d’un côté sur le personnel médical et de l’autre sur les patients.
Pour fonctionner correctement, un hôpital a besoin de personnels de santé qualifiés tels que des docteurs, des infirmières, des auxiliaires, des techniciens pour s’occuper des équipements etc. Ces personnes sont aussi affectées par les checkpoints, elles doivent aussi faire face aux barrages et au Mur. On constate ainsi des retards fréquents et parfois des absences.
Selon l’ONG Physicians for Human Rights – Israel, environ 70 % du corps médical opérant dans les hôpitaux palestiniens de Jérusalem-Est vit en Cisjordanie ou dans la Bande de Gaza
. L’absence récurrente des médecins due à l’attente ou au refus d’accès de docteurs venant de communautés reculées est une des difficultés les plus importantes en ce qui concerne la santé. L’absence de ces professionnels de la santé cause des retards dans les traitements ou la pure et simple indisponibilité de soins médicaux essentiels pour ces patients.
Les médecins et autres personnels médicaux ont, théoriquement, un accès plus facile aux checkpoints et ne sont ainsi pas tenus de faire la queue pour les traverser. Mais ce système comprend de nombreux défauts et des cas quotidiens d’attente et de refus d’accès à Jérusalem-Est sont relevés. Pour le reste de la Cisjordanie, les médecins ont généralement des accès spéciaux aux checkpoints mais les exceptions sont là encore nombreuses.
Ces retards à répétition remettent en question le bon fonctionnement des hôpitaux et le développement d’un secteur de la santé efficace. En effet selon CARE, 75 à 80 % des centres médicaux qui suspendent le fonctionnement de certains services affirment que la raison de la fermeture est l’incapacité des membres à faire marcher le service correctement, en raison de la fermeture de checkpoints ou de couvre feu imposés par l’Administration Civile israélienne
.
Le HDPI (Physicians for Human Rights and the Health, Development, Information and Policy Institute) a rapporté de nombreux cas dans lesquels les ambulances transportant des patients vers un hôpital de Jérusalem-Est se voyaient refuser l’entrée au checkpoints et demander de rebrousser chemin. L’OCHA a quant à elle rapporté que qu’au mois de juillet 2007, 40 ambulances ont été refusées d’entrer en Cisjordanie pour aller chercher des patients
. Le Croissant Rouge Palestinien affirme qu’en 2009, 440 ambulances ont été retardées ou refusées d’accès dans les TPO, dont 70 % concernaient les checkpoints de Jérusalem-Est. Les refus d’accès ne sont donc pas exceptionnels mais arrivent fréquemment dans les TPO.
De même, la formation des étudiants en médecine pose problème dans la mesure où certaines spécialités ne sont encore une fois disponibles qu’à Jérusalem-Est, ils ont donc besoin d’un permis pour accéder aux hôpitaux. Certains étudiants ont dû arrêter leurs études de médecines en raison du refus des autorités israéliennes de délivrer ou de renouveler leur permis. Bien que rares, ces cas de refus viole les droits à une formation et à choisir sa carrière.
En 2005, un représentant du Croissant Rouge Palestinien a affirmé que 200 000 palestiniens se sont déjà vu refuser l’accès libre aux centres de santé à cause du Mur
. Médecins du Monde, ONG qui s’occupe de cliniques en Cisjordanie a rapporté qu’en 2003, 28,7 % des femmes travaillant dans les cliniques de Médecins du Monde et du Health Work Commitee (HWC) ont été empechés d’aller travailler à cause de fermetures ou couvre-feu
Par conséquent, certaines femmes palestiniennes ont eu recours à des sages-femmes à domicile, même si celles-ci ne peuvent pas fournir le même niveau de sécurité que dans un hôpital équipé en cas de complications médicales.
Les restrictions de mouvements influent aussi à un autre niveau, moins direct. Puisque les temps de trajet pour rejoindre les hôpitaux ont été significativement augmenté avec le Mur, certains patients nécessitant des soins sont complètement découragés d’aller à l’hôpital et annulent ou reportent leur visite. Certains essayent alors de se soigner par leur propre moyen. Leurs conditions de santé peuvent se dégrader si les médicaments ingurgitées ne sont pas appropriés.
Les palestiniens de Cisjordanie se plaignent également de ne pas avoir accès à des bilans de santé réguliers pour détecter les maladies, cancers et autres types d’infections pour lesquelles une détection précoce laisse plus de chance au traitement. Comme nous l’avons vu, les restrictions de mouvement ont des conséquences désastreuses sur la santé des patients palestiniens ainsi que sur les hôpitaux palestiniens. Ces derniers ont souffert d’une diminution significative du nombre de leurs patients. De 2002 à 2003, le nombre de patients de Cisjordanie et de la Bande de Gaza dans les hôpitaux de Jérusalem-Est a chuté de 50 %. Le taux d’occupation des lits a également beaucoup chuté.
IV) La zone de séparation : une illustration éloquente des dangereuses conséquences de l’isolement
La Zone de Séparation (entre la Ligne Verte et le Mur de Ségrégation) dispose de quelques centres de soin. Selon le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), environ 33 000 palestiniens disposant d’une carte d’identité Cisjordanienne et appartenant à 36 communautés résideront dans cette zone quand le mur sera achevé. La Zone de Séparation est considérée par les autorités israéliennes comme zone militaire fermée, les visiteurs souhaitant se rendre là doivent demander un permis spécial pour y entrer. L’ordre militaire officiel stipule que personne ne doit entrer dans cette zone et personne ne doit y rester. De même, les habitants âgés de 16 ans et plus doivent demander un permis de résidence permanent aux israéliens pour continuer à vivre sur leurs terres. Pour les autres, une raison spéciale est nécessaire pour obtenir le permis temporaire. Pour sortir de la zone, les palestiniens doivent traverser un checkpoint contrôlé par les soldats israéliens. 78 villages palestiniens se situent derrière le Mur, et sont donc isolés du reste de la Cisjordanie.
Sur cette carte sont représentées les zones isolées entre le Mur et la Ligne Verte.
En l’absence d’infrastructures adaptées et suffisantes dans des zones de séparation, traverser un chekpoint est nécessaire pour avoir un traitement médical. Cependant, seuls deux des 13 checkpoints contrôlant la zone en 2004 étaient ouverts continuellement, les 11 autres n’étant ouvert que partiellement (2 à 3 fois dans la journée)
. En cas d’urgence, les paysans de ces zones peuvent se retrouvés coincés sans aucun accès à des soins.
De plus, les médecins et ambulances ne peuvent pas venir de l’extérieur et procurer des soins médicaux d’urgence. Les habitants doivent parfois attendre des heures avant d’enfin pouvoir consulter, simplement car le checkpoint d’accès était fermé. Par exemple, le checkpoint de Azzun Atma était fermé jusqu’en 2010 entre 22h et 6h. Dans le village, un seul centre médical de premiers soins est présent mais n’est ouvert que 4 heures par semaine. Parfois, certaines femmes passent le checkpoint des jours, voire des mois avant le terme de la grossesse pour être sûre de pouvoir accoucher dans de bonnes conditions.
V) La difficile distribution des installations médicales dans les TPO
La pénurie des fournitures médicales de base est un autre exemple de la façon dont les bouclages israéliens sapent le développement du secteur de la santé palestinien. Les restrictions de mouvements sur les biens mènent à des pénuries récurrentes de certains médicaments dans les pharmacies de Cisjordanie et de la Bande de Gaza. La distribution des laboratoires pharmaceutiques aux pharmacies est également touchée par la politique d’enfermement israélienne et va bien plus lentement qu’elle le serait en conditions normales.
Par exemple, le Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale rapporte qu’au Magasin Central des Médicaments de Gaza (qui remplace les hôpitaux et cliniques dans la Bande de GAZA), sur 480 médicaments essentiels, 170 étaient en pénurie de stocks (37 %) fin mai 2011
. Ces pénuries ont des conséquences graves sur la santé des palestiniens : en l’absence des médicaments nécessaires, l’état de santé peut vite se dégrader. Cela encourage également les personnes à essayer de nouvelles pharmacies qui peuvent prescrire des traitements et des doses inappropriées.
Les patients avec des maladies chroniques courent encore plus de risques puisque les hôpitaux peuvent être menés à reconduire une opération pour cause de manque de médicaments appropriés. Le blocus de Gaza a également mené à une grave détérioration des conditions de santé dans la Bande de Gaza. Alors qu’en 2006, 382 patients ont été transférés de Gaza à Jérusalem-Est, ce chiffre a été multiplié par plus de 8 pour arriver en 2008 à 3 118 patients
L’acheminement des médicaments depuis les laboratoires jusqu’aux hôpitaux est souvent un problème majeur. Dans les camps de réfugiés, les médecins sont très rares. Dans le camp de réfugié de Dheisheh au Sud de Bethléem, pour 13000 personnes, il n’y a qu’un médecin qui travaille à mi-temps. La Banque Mondiale dénonce la détérioration du réseau des premiers soins en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Les restrictions de mouvements, tant sur les biens que sur les personnes, représentent la raison majeure de cette détérioration.
Un autre problème concerne la disponibilité de tests de vérification dans les cliniques isolées par le Mur (26 sont concernées en 2004). Les tests de bases tels que pour déterminer taux de glucose dans le sang ou les analyses d’urines ne sont disponibles que dans la moitié des cliniques isolées par le Mur bien qu’ils soient nécessaires à un diagnostic digne de confiance. Des tests plus avancés ne sont disponibles que dans deux cliniques ce qui laisse les 24 autres sans moyen de faire des examens avancés
. Des tests en laboratoire sont devenus un outil indispensable pour être en mesure de fournir un traitement adapté au patient.
VI)Les conséquences des restrictions de mouvement : isolation et ralentissement économique
En raison du blocus, la situation économique de Gaza s’est considérablement détérioré depuis quelques années et croissance économique et enrichissement de la population vont de pairs avec développement du secteur de la santé. Les restrictions de mouvements limitent la croissance dans les TPO et particulièrement dans la Bande de Gaza. Comme le rapporte l’OMS après sa Mission Sanitaire à Gaza, en raison du blocus, les conditions économiques et sociales des populations civiles se sont détériorées ce qui a augmenté la pauvreté et la dépendance à l’aide internationale et a conduit à une dégradation des conditions de santé
. La profonde pauvreté touchait en 2007 35% de la population de la Bande de Gaza.
Le PIB par habitant représentait en 2007 60% seulement du PIB de 1999. A cause de cette récession, les recettes fiscales diminuent ce qui limite la marge de manœuvre du gouvernement et le potentiel développement du secteur sanitaire. Beaucoup de personnes n’ont pas d’assurance maladie et doivent payer leurs frais de santé. En tout, 22% ne sont pas assurés, 19% ont droit à une assurance maladie gratuite grâce à l’Agence des Nations-Unies pour les Réfugiés Palestiniens (UNRWA), 40% des dépenses de santé des TPO proviennent directement de la poche des citoyens ce qui contribue à la paupérisation de la population. Selon la Banque Mondiale en 2005, 13,7% de ménages sont considérés comme pauvres avant le payement des frais de santé, 25% sont considérés comme pauvres après. Ainsi de nombreux patients essaient au maximum de réduire le nombre de consultations et ne se rendent donc plus chez les médecins
.
En 2004, un demi million de palestiniens étaient complètement dépendants à l’aide alimentaire, 60% de la population vivait avec moins de 2 dollars par jour
. Un niveau élevé de pauvreté et de dépendance à l’aide humanitaire représente une menace au système de santé. En raison de l’enfermement, la consommation d’eau diffère beaucoup entre palestiniens et israéliens. En moyenne, un israélien consomme cinq fois plus d’eau qu’un palestinien. L’OMS préconise l’accès à un minimum de 100 litres d’eau par jour et par personne. Les palestiniens n’ont accès qu’à 75 litres d’eau par jour (pour les plus riches) alors que les colons israéliens disposent de plus de 300 litres d’eau par jours. En 2004, 15% des cliniques isolées par le Mur n’avaient pas d’eau courante.
L’électricité est un autre problème. Dans ces mêmes cliniques, l’électricité ne marche souvent que pendant les heures de travail. L’absence d’un approvisionnement électrique suffisant est une tragédie pour ces hôpitaux, notamment concernant les médicaments et vaccins qui doivent être maintenues au froid
De plus, de fréquentes coupures d’électricité mettent en danger la vie des patients ou empêche l’administration de soins appropriés. A Gaza en particulier, il y a souvent des pénuries de médicaments élémentaires essentiels pour soigner les patients correctement. Enfin, les équipements médicaux ne sont pas entretenus et tendent à se détériorer.
La santé mentale est également affectée par le blocus de Gaza et par les checkpoints. Le blocus, qui dure depuis 2007 a créé ce que John Holmes, Sous-secrétaire des Nations Unies pour les Affaires Humanitaires et Coordinateur des Secours d’Urgence, appelle une « prison à ciel ouvert » de laquelle résulte de nombreuses maladies mentales.
Une étude du Centre Palestinien d’Information a présenté en 2004 des chiffres extrêmement inquiétants sur les palestiniens des Territoires Palestiniens Occupés. 52% des personnes interrogées ont pensé à mettre fin à leur vie, 92% n’ont aucun espoir pour le futur, 100% se sentent stressés et 84% expriment des sentiments de colère constants en raison de circonstances qui ne dépendent pas de leur volonté
.
VII) Conclusion : graves violations au droit à la santé
Malgré les difficultés, les systèmes de santé de Cisjordanie et de Gaza fonctionnent relativement bien et procurent des soins de qualité à la population. Le système de santé des TPO marche mieux que la plupart des systèmes de santé des pays arabes de la région mais les standards restent bien en-dessous des standards israéliens
. La qualité des services étaient bien plus élevée quelques années auparavant, bien que la situation d’aujourd’hui ne soit pas devenue catastrophique. Cependant, la construction du Mur de Ségrégation et les restrictions de mouvements, tant en Cisjordanie que dans la Bande de Gaza, a incontestablement détérioré le système de santé palestinien. La plupart de palestiniens ont un accès à des soins de santé bien que cet accès soit parfois difficile et dans tous les cas bien plus compliqué qu’avant le Mur.
Ces politiques de restrictions de mouvements violent plusieurs lois internationales. Le préambule de la Constitution de l’OMS de 1948 affirme que « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale. » De plus, la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948 affirme dans son article 25 que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires. » Selon l’article 12.2 du Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels de 1966 et ratifié par Israël en 1991, les pays signataires doivent créer les conditions assurant à tous l’accès à des services médicaux et à des soins en cas de maladies. Ce pacte a été jugé applicable par la CIJ dans son avis consultatif de juillet 2004. Ainsi, Israël enfreint le droit à la santé des palestiniens des TPO. Dans le même avis, la CIJ a appelé au démantèlement du Mur et l’Assemblée Générale des Nations-Unies a adopté une résolution datée du 20 juillet 2004 appelant Israël à remplir ses obligations, c’est-à-dire détruire le Mur et payer des réparations aux palestiniens pour les dommages provoqués par sa construction.
Les violations du droit à la santé ont été maintes fois reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé. En mai dernier, elle a exprimé sa profonde préoccupation sur les graves conséquences du Mur sur l’accessibilité et la qualité des services médicaux reçus par la population palestinienne dans les TPO, y compris Jérusalem-Est
.
La justification israélienne de la construction du Mur est la sécurité, la protection des citoyens israéliens de ce qu’ils appellent les attaques terroristes. Mais les palestiniens, quant à eux voient la construction du Mur comme une nouvelle stratégie pour grappiller des terres palestiniennes, particulièrement car le Mur suit un tracé bien à l’intérieur des frontières de Cisjordanie et non le long de la Ligne Verte de 1949. Par conséquent, la référence à la sécurité est une épée à double tranchant: en effet, la sécurité des Palestiniens a été gravement compromise par les restrictions de mouvements, ce qui constitue une menace pour la santé des Palestiniens. Israël a certes le droit de protéger ses citoyens, mais les colonies et les colons en Cisjordanie représentent une violation du droit international, des résolutions de l’ONU et de la décision de la CIJ. Israël a l’obligation de respecter le droit international et la santé de la population des terres qu’elle occupe.
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[9] Médecins du monde,
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[10] United Nations news center,
More Palestinians die after being denied access through
Israeli checkpoints, UN reports, 28 September 2007.
[11] Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires, Territoires Palestiniens Occupés,
et rapport de l’OMS de juillet 2010.
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[16] BBC News, Middle
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th, 2005.
[17] Médecins du monde,
L’ultime barrière, l’impact du mur sur le système de santé palestinien, février 2005.
[18] Health, Development, Information and Policy Institute (HDIP),
Health and Segregation:
the impact of the Israeli separation Wall on access to health care services, 2004.
[19] Bureau Régional pour la Méditerannée Orientale, OMS,
Shortages of Drugs and
Medical Disposables in MoH Gaza, Juin 2011.
[20] IRIN,
OPT: Cut off from healthcare, 2 Mai 2011.
[21] Health, Development, Information and Policy Institute (HDIP),
Health and Segregation:
the impact of the Israeli separation Wall on access to health care services, 2004.
[22] Mission sanitaire spécialisée de l’OMS dans la Bande de Gaza, 21 mai 2009.
[23] Health Nutrition and population, World Bank, –
Who pays? Out-of-pocket health spending
and equity implications in the Middle East and North Africa, Novembre 2010.
[24] Health, Development, Information and Policy Institute (HDIP),
Health and Segregation:
the impact of the Israeli separation Wall on access to health care services, 2004.
[25] Health, Development, Information and Policy Institute (HDIP),
Health and Segregation:
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[26] OMS,
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[28] OMS, 64e Assemblée Générale,
Health conditions in the occupied Palestinian territory,
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