Le 11 octobre 2011, les journaux annonçaient l’intention du gouvernement israélien de légaliser 134 avant-postes construits sur ce qu’ils appellent des « Terres d’Etat », contrairement à la décision de la Knesset
du 22 juillet 2003 ordonnant le démantèlement de ces avant-postes « non-autorisés ».
Cette mobilisation contre la décision de la Knesset est venue du commandant des colons israéliens et d’autres groupes d’extrême-droite en réponse à la pression de l’Etat et à sa décision de démolir plusieurs avant-postes construits sur des terres palestiniennes d’ici à l’été prochain. Il est intéressant de savoir que Netanyahou, le Premier Ministre israélien, est président d’un comité spécial pour explorer les différentes manières de légaliser ces avant-postes construits sur des propriétés privées palestiniennes.
En réaction, le Département d’Etat américain a critiqué ce mouvement et la recherche par Netanyahou de moyens pour légaliser les avant-postes et colonies, désignant la démarche comme « allant dans le sens inverse » des efforts de paix du Moyen-Orient. Entre la réaction américaine et la réaction de la communauté internationale qui « condamne » une décision « contreproductive », Israël pourrait très bien comprendre « pas de commentaires » puisqu’aucun de ses précédents plans n’avait soulevé de sérieuses condamnations de la communauté internationale ou du Quartet.
Le porte-parole du département d’Etat américain a critiqué les efforts israéliens, soulignant que la position américaine contre la construction de colonies n’avait pas changé. « Les Etats-Unis ont une politique claire – nous ne reconnaissons pas la légitimité de la colonisation israélienne. Washington s’oppose à tous les efforts qui seront faits pour légaliser les avant-postes des colonies, ce qui entrave nos propres efforts pour la paix et va à l’encontre des engagements et obligations d’Israël. »
Cependant, le porte-parole du Département d’Etat ne s’est pas arrêté là. Sortis de nulle part, il a inclut les palestiniens dans cette équation purement israélienne et comme on pouvait s’y attendre de la part des Etats-Unis, il a rejeté une partie du blâme sur les palestiniens. Il a ainsi appelé « les deux parties à prendre des mesures constructives pour promouvoir la paix et à s‘abstenir de tout acte qui compliquerait le processus et minerait la confiance ».
Même s’il n’est pas évident de savoir en quoi les palestiniens ont pris des dispositions pour compliquer le processus de paix, le porte-parole continue : « nous exhortons les deux parties à accepter la proposition du Quartet et à retourner à des négociations directes ». Parlons-en, du Quartet.
La Feuille de Route proposée en mai 2003 par les Etats-Unis et par le Quartet a souligné la nécessité de geler toutes les activités de colonisation dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO). Cependant, ces activités se développent presque tous les jours et les israéliens violent la Feuille de Route. Et contrairement à l’obligation d’Israël de geler l’expansion des colonies et de démanteler les avant-postes, 134 nouveaux avant-postes ont été installés en Cisjordanie depuis 2003. À aucun moment, le Quartet et la Feuille de Route ne prennent en compte les « terres privées palestiniennes» quand ils abordent la question des avant-postes et des colonies. En fin de compte, la façon pour Israël de légitimer l’existence des 134 avant-postes en question est de créer 134 nouvelles colonies dans les TPO et donc 134 obstacles supplémentaires dans le chemin de la paix.
Il est évident que le Quartet perd de sa crédibilité en étant incapable de faire arrêter la construction d’avant-postes et de colonies comme cela était décidé dans la Feuille de Route. Les entraves israéliennes au processus de paix étant innombrables, peut-être serait-il temps pour les Etats-Unis de quitter leur chaise de médiateur pour faire avancer les choses.
Les gouvernements israéliens successifs se sont appuyés sur le Quartet ainsi que sur la passivité des Etats-Unis pour avancer dans leurs plans coloniaux. C’est un fait clairement relaté par l’ancien Premier Ministre israélien Ariel Sharon : « chaque fois que nous faisons quelque chose, vous me dites que les américain feront ceci ou feront ca… Je veux vous dire quelque chose de très clair : ne vous souciez pas des pressions américaines sur les israéliens. Nous, le peuple juif, contrôlons l’Amérique et les américains le savent », Ariel Sharon, 3 octobre 2001.
Comme relaté par ARIJ ainsi que par d’autres ONG (notamment israéliennes) s’intéressant aux activités israéliennes dans les TPO, il a été conclut que la majorité des expansions israéliennes se sont faites dans les colonies ou avant-postes dans les districts de Salfit, Naplouse, Qalqilya, Jéricho, Tubas, Ramallah, Bethléem et Jérusalem, dans le but de créer un couloir reliant les colonies de l’Ouest de la Cisjordanie à celles se trouvant sur les rives du Jourdain.
La distribution géographique des 134 avant-postes qu’Israël cherche à légitimer dans les TPO est bien plus qu’une provocation. C’est une action évidente cherchant à créer des faits sur le terrain afin de réduire les chances de parvenir à une solution permanent au conflit israélo-palestinien, et la création de la Palestine selon la solution à Deux-Etats.
Manipulation, illégalité
De plus en plus, Israël manipule le statut des avant-postes et des colonies pour semer la confusion sur ce qui est légal ou illégal, à une période où il est incontestable que toutes les colonies israéliennes construites dans les TPO sont illégales. En effet, leur construction s’est faite par la force et sans le consentement des propriétaires palestiniens, ce qui rend les amputations de ces structures opposables à jamais à une paix véritable entre les deux parties en conflit.
L’apathie d’Israël envers les lois internationales et les initiatives de paix ne reflète rien d’autre que l’engagement d’Israël dans son plan de colonisation dans les TPO, ce qui créé ce qu’ils croient être des faits irréversibles sur le terrain pour dicter leurs propres conditions à tout accord de paix avec les palestiniens, et pour mettre fin à toute perspective d’un État palestinien viable sur les frontières de 1967.