La deuxième chaîne israélienne a révélé le plan du gouvernement israélien de créer une île artificielle au large de la bande de Gaza, sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne. Le plan, tel qu’il a été rapporté, a été formulé et conçu par le Ministre israélien des transports, Yaakov Katz, guidé et parrainé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Apparemment, l’idée a été formulée et détaillée par un groupe d’experts depuis un certain temps, trois mois selon le rapport.
L’île devrait se situer à 4,5 kilomètres des côtes de Gaza, et comprendre des ports, aéroports, hôtels touristiques, ainsi qu’une usine de désalinisation, tout cela géré par l’Autorité Palestinienne. L’île, selon les plans, aurait une superficie de deux kilomètres sur quatre et serait reliée à la bande de Gaza par un pont de 4,5 kilomètres.
Illustration du projet d’île au large de la bande de Gaza
Le budget prévisionnel de l’île, dont la construction prendrait entre six et dix ans, se situe entre 5 et 10 milliards de dollars. Le projet, qui attend toujours l’approbation de Netanyahu, bénéficie d’un large soutien au sein de la société israélienne. Le président israélien, Shimon Peres, prétend que l’île permettrait à Israël de se désengager définitivement de Gaza, en mettant fin à l’obligation de commercer, tout en maintenant le siège des côtes pour des raisons de sécurité, notamment la contrebande d’arme vers Gaza. De plus, l’île ainsi que le pont reliant Gaza et la nouvelle île seront soumis à la surveillance internationale
La nouvelle de l’île a fui au moment même où Israël redessinait méthodiquement les limites de la zone de pêche de Gaza, qui est passée de 20 milles nautiques (37 kilomètres), la zone prévue par les Accords d’Oslo de 1994, à trois milles nautiques (5,5 kilomètres). Depuis janvier 2009, les navires de guerre israéliens ont imposé la nouvelle limite. L’emplacement prévu pour l’île se situerait ainsi juste en dehors de la limite appliquée par Israël.
Les Israéliens semblent si confiants que ce projet recevra l’approbation, voire un engagement international, que le ministre israélien des transports, Yaakov Katz, a divulgué qu’il voulait qu’une force internationale contrôle l’île « pour au moins cent ans ». Les illusions de Katz vont encore plus loin, puisqu’il promeut l’île en espérant que l’Europe, les Etats-Unis et des entrepreneurs privés participeront à cet écueil. Cependant, Katz, ignorant l’histoire, ne semble pas se rendre compte que des nations s’effondrent et que d’autres s’élèvent ; aujourd’hui, même Israël ne peut anticiper si loin dans le temps
Le Hamas, un acteur majeur de la Bande de Gaza, mène aujourd’hui la barque ; or, il a dénoncé les efforts israéliens pour « internationaliser » le blocus de Gaza. Il est extrêmement naïf de la part d’Israël de croire qu’il est possible de mener un tel projet sans que le Hamas ne donne son accord, voire même ne dicte ses conditions. En définitive, qu’est que qu’Israël cherche vraiment avec cette île ? La réponse est assez claire: renforcer le contrôle israélien de la Bande de Gaza.
Israël prévoit de fermer, de manière permanente, l’intégralité des passages entre Israël et la bande de Gaza, mais aussi de restreindre tous et tout ce qui entre ou sort de Gaza en provenance de l’île prévue. L’île sera sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne, mais en termes de sécurité, elle demeurera contrôlée et surveillée par la marine d’occupation israélienne et la force internationale prévue à cet effet. Naturellement, l’île serait une zone démilitarisée pour les Palestiniens ; elle fournirait aux Gazaouis une ouverture, destinée à pourvoir quelques moyens d’existence, mais aussi une sortie de ce qui deviendrait littéralement la plus grande prison du monde
L’autre but de cette île consisterait à neutraliser le Hamas, en le mettant hors-jeu de l’équation (hautement discutable) de la paix. Naturellement, la raison d’être de ce plan est de renforcer l’insularité palestinienne, peut-être jusqu’au point de non-retour. Le concept de l’île est défendu par des responsables gouvernementaux, qui supposent que l’île mettrait un terme à la complexité, à la fois terrestre et maritime, de la situation de Gaza, une bonne fois pour toutes. Cela en dit long sur les difficultés d’Israël à gérer la bande Gaza, presque six ans après la comédie du soi-disant désengagement de 2005. Néanmoins, bien plus que cela, la volonté de poursuivre un tel projet témoigne de l’étendue du délire du gouvernement israélien.
En l’absence de plan pour résoudre le problème de Gaza pour Israël de manière permanente, il semble que Netanyahu veuille prendre une initiative de premier plan, afin, d’une part, de neutraliser Gaza, d’autre part, d’imposer la vision israélienne d’échange territorial. Israël pense-t-il vraiment pouvoir garder Gaza en état de siège pour toujours ? Si Israël veut sortir de Gaza, il n’a pas besoin d’une île, il suffit de partir.
Aujourd’hui, contrairement à ce que clame Israël sur son désengagement de Gaza, la situation sur le terrain montre qu’Israël contrôle toujours de facto au moins 20% de la bande de Gaza, le long des frontières au Nord et à l’Est. Construire une île n’aidera pas Israël à quitter Gaza si un checkpoint est installé sur le pont.
C’est aussi lourd et contradictoire que l’Iron Dome, le système israélien à l’épreuve des roquettes, qui a reçu 205 millions de dollars, de la poche des contribuables américains, prétendument pour stopper les roquettes artisanales palestiniennes. Le projet est un tel gâchis qu’il pourrait passer pour du blanchiment d’argent (à travers la vente d’armes), tant un dôme à l’épreuve des roquettes est ridicule quand Israël aurait pu simplement quitter Gaza.
Illustration du bouclier anti-missile Iron Dome
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